Comment soigner une pelade:Traitement et causes.

Comment soigner une pelade:Traitement et causes.

Des touffes de cheveux qui tombent par plaques, soudainement, laissant apparaître le cuir chevelu dans toute sa nudité... Si elle est rarement grave, la pelade est une maladie qui a un fort retentissement sur la qualité de vie des personnes qui en sont atteintes. Pour cette raison, une prise en charge s'impose rapidement. Le point sur les traitements avec le Dr Thierry Passeron, professeur des universités et praticien hospitalier en dermatologie au CHU de Nice, et le Dr Pascal Joly, dermatologue au CHU de Rouen.



Les causes de la pelade:

Contrairement à une idée reçue encore bien ancrée, la pelade n'a rien d'une maladie psychosomatique. "Il s'agit d'une maladie auto-immune au même titre que le psoriasis ou le vitiligo. On connaît très bien les déterminismes génétiques qui prédisposent à cette maladie", explique le Dr Joly. Elle est due à un emballement de certains lymphocytes T, qui dérèglent l'ensemble du système immunitaire ; celui-ci attaque le bulbe du cheveu ou du poil qui s'arrête de fonctionner et tombe. Si le stress intervient chez certains, c'est comme facteur déclenchant ou aggravant. "Mais les patients ne sont pas plus stressés que les autres", assure le spécialiste.



La pelade, une maladie héréditaire ?

A l'exception des formes familiales qui sont extrêmement rares, la pelade n'est pas une maladie héréditaire. Le risque de la transmettre à son enfant est donc minime. En revanche, ce dernier peut hériter des prédispositions génétiques à cette maladie. Dans ce cas, ce sont les facteurs environnementaux agissant sur ces gènes, auxquels il pourra être confronté au cours de sa vie, qui déclencheront la maladie. Certaines personnes peuvent donc hériter de ces prédispositions mais ne jamais manifester de symptômes.



Les symptômes de la pelade:

La pelade se manifeste par la perte massive des cheveux, sous forme de touffes, mais aussi des poils (cils, barbe, etc.) et dans des cas extrêmement rares par une fragilisation des ongles qui deviennent rugueux. "Cette maladie auto-immune atteint l'ensemble des phanères", résume le Dr Passeron. Les personnes touchées présentent une plaque sans cheveux, le plus souvent de forme ronde ou ovale. En revanche, le cuir chevelu n'est pas atteint et ne présente aucune cicatrice.



Pelade : qui peut être touché ?

Tout individu, quel que soit son âge, peut être touché par la pelade. Un enfant, qui aurait hérité des gènes de prédisposition à cette maladie auto-immune et qui serait confronté à des facteurs environnementaux favorisant son développement, peut très bien avoir une pelade. Les femmes ne sont pas plus touchées que les hommes, mais le retentissement de cette maladie qui touche à un symbole de la féminité peut être moins bien vécu par celles-ci et les amener, plus que leurs homologues masculins, à consulter.



Les différents niveaux de sévérité de la pelade:

On distingue plusieurs niveaux de sévérité de la pelade, selon l'importance de son atteinte et la fréquence des épisodes :

- La pelade localisée est la plus commune. Elle affecte seulement les cheveux et peut se manifester par :une plaque unique (sa guérison est spontanée dans 60 à 70 % des cas et ne requiert pas nécessairement de traitement)des plaques multiples (le handicap esthétique est tel qu'un traitement est généralement proposé)

- La pelade massive survient en quelques jours et entraîne une perte de plus de la moitié des cheveux. Là encore, une prise en charge est nécessaire.

- La pelade sévère totale provoque une perte de tous les cheveux.

- La pelade universelle : très rare, elle affecte tous les poils



La pelade : quelle évolution prévoir ?

Chaque cas est unique et les dermatologues n'ont aucun moyen de prédire l'évolution d'une pelade. Certains patients ne feront qu'un épisode unique au cours de leur vie, d'autres les multiplieront. Certains ne présenteront qu'une plaque unique, d'autres souffriront d'une forme massive. Certains répondront rapidement aux traitements, d'autres seront résistants à tout l'arsenal thérapeutique... Il peut se passer plusieurs dizaines d'années entre deux épisodes, sans que l'on comprenne à quoi sont dues ces récidives.



Pelade et soins des cheveux:

La pelade ne constitue pas une contre-indication aux soins des cheveux : les patients peuvent continuer à se rendre chez le coiffeur et procéder à leurs soins habituels (lissage, coloration, permanente...), sans qu'il n'y ait aucune incidence.



Le traitement local de la pelade:

La prise en charge des formes localisées de la pelade repose sur l'application de dermocorticoïdes locaux, en crème ou en gel. Ces produits ne s'accompagnent d'aucun effet secondaire et ne présentent aucune contre-indication. "Attention toutefois chez les hommes touchés à la barbe, chez qui ils peuvent entraîner une atrophie cutanée", prévient le Dr Passeron. Pour les zones où la peau est plus fine ou réactive, le dermatologue propose du tacrolimus, un immunosuppresseur prescrit hors AMM, à l'efficacité similaire.En cas d'échec, il peut procéder à l'injection intra-lésionnelle de cortisone ou prescrire des séances de PUVAthérapie (irradiation par des rayons UV), très localisées, sur une période limitée.Le recours à la pigmentation, notamment au niveau des sourcils, peut répondre à des préoccupations d'ordre esthétique, tout comme les extensions ou rajouts de cheveux.



Les traitements de la pelade sévère:

Pour l'heure, aucun traitement n'a montré sa supériorité face aux placebos, affirme le Dr Passeron. La prise en charge de la pelade sévère repose donc sur l'administration de cortisone per os (comprimé, par voie orale) ou en perfusion (solumedrol), la photothérapie ou encore l'administration de méthotrexate (puissant immunosuppresseur). Une repousse est constatée dans 40 à 60 % des cas.Certains centres proposent une approche par sensibilisation du cuir chevelu à l'aide d'un produit allergisant extrêmement fort : le but est de provoquer une inflammation locale et de stimuler le système immunitaire déficient.



Les voies de recherche contre la pelade:

L'inhibition des voies JAK (qui jouent un rôle dans le contrôle de la fonction immune) a montré son efficacité chez la souris* avec une repousse des poils, ainsi que chez deux patients dont les cheveux ont repoussé de manière spectaculaire, indique le Dr Passeron. Cette approche mérite donc d'être approfondie.A Nice, ce spécialiste travaille par ailleurs sur la stimulation des lymphocytes T régulateurs, impliqués dans la pelade, au moyen de l'interleukine 2 (hormone impliquée dans la réponse immunitaire). Une très petite étude**, portant sur 5 personnes atteintes d'une forme sévère de pelade, résistante aux autres traitements, a montré une repousse des cheveux et des poils chez 4 patients. Pour 2 d’entre eux, la repousse a même atteint 50 %. En outre, la repousse a tenu plus d'un an et s'est même complétée par la suite, traduisant des effets prolongés de cette approche. Une étude impliquant 4 centres français et portant sur une soixantaine de patients est en cours, afin de confirmer ces bons résultats.